Conjointement avec Philippe POIRĂ, agent Ă l’Office Français pour la BiodiversitĂ©,
nous prĂ©sentons ici quelques Ă©lĂ©ments de la biodiversitĂ© prĂ©sente dans le vallon de BuffĂšre. (textes et photo de Ph. POIRĂ)
Toutes les photos sont prises depuis le parking du Rately jusqu’aux cols et sommets alentour.
đ Les mammifĂšres
Chevreuil
Les mammifĂšres sauvages ont lâouĂŻe, la vue et surtout l’odorat trĂšs performants, aussi pour les observer il vous faudra ĂȘtre discrets car nous sommes des prĂ©dateurs et ils le savent. Ils nous craignent et plus encore que nous… nos chiens.
Alors ? PrĂȘt Ă vous lever tĂŽt et vous faire plaisir jumelles au cou ?
Photo : en juin entre Le Serre et le refuge – un brocard le mĂąle du chevreuil traverse les pĂąturages
Chevrette
Dans la montĂ©e de BuffĂšre, en traversant le mĂ©lĂ©zin, deux virages avant d’arriver au hameau de Serre : une jeune femelle de chevreuil. Cette chevrette est dans son second printemps.
Les chevreuils sont territoriaux et nul doute que son pÚre soit le brocard présenté ci-dessus.
Ce petit cervidĂ© facile Ă observer est d’une Ă©lĂ©gance vraiment hors norme, ne dirait-on pas une ballerine ??
Cerf
Le Cerf ! Nom Ă©vocateur s’il en est : Sa MajestĂ© Le Cerf et son brame : Le Roi incontestable de la ForĂȘt.
Les plus gros mĂąles dĂ©passent les 200 kg (10 fois plus que le chevreuil). Encore peu nombreux dans notre vallĂ©e il y a 10 ans, l’effectif rĂ©augmente naturellement doucement.
Enfin : Le retour du Roi (petit clin dâĆil Ă une trilogie cĂ©lĂšbre) ! Certes une population importante peut nuire Ă la foresterie (production de bois dâĆuvre) , mais ici en ClarĂ©e ce n’est pas le cas avec la populations actuelle.
Ătre Ă©vanescent par excellence : COMMENT, comment ĂȘtre aussi gros et aussi discret ? Pour notre vallĂ©e, aussi fascinant que le Loup ou l’Aigle royal !
Deviendra t-il un 16 cors ? Ici, un jeune prince en devenir : cet ado, daguet, est dans son second printemps.
Marmotte
L’incontournable marmotte… de mai Ă septembre c’est l’animal le plus facile Ă observer, un ravissement pour les enfants et les randonneurs.
La photographier au milieu des fleurs se fait en mai juin… avant l’arrivĂ©e des brebis gourmandes.
Chamois
La population de Chamois de NĂ©vache est importante. Ici, clichĂ© pris en juin sous la CrĂȘte de l’Echaillon.
Farouche, la forte frĂ©quentation de randonneurs en Ă©tĂ© l’oblige Ă se retirer dans des endroits tranquilles, gĂ©nĂ©ralement haut en altitude et hĂ©las pas toujours favorables Ă l’alimentation des femelles et de leurs chevreaux allaitĂ©s.
Le matin tÎt, vous avez bien-sur plus de chance de les observer car ils se déplacent et broutent. Au heures chaudes ils se reposent discrÚtement et ruminent.
C’est un animal dont on ne se lasse pas d’observer les comportements notamment lors du rut en novembre. Sa chasse, trĂšs sportive, est Ă©galement passionnante.
Bouquetin
Cette photo n a pas Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e Ă BuffĂšre (en face – Grande Chalanche).
Le Bouquetin des Alpes est l’animal emblĂ©matique de la haute montagne, de l’alpinisme. Dans les annĂ©es 1910 il n’en restait que quelques-uns dans les Alpes italiennes.
Grùce à des programmes de réintroduction peu à peu les Alpes retrouvent cet animal fabuleux.
TrĂšs peu farouche il fut chassĂ©, massacrĂ© pour sa viande … L’irrĂ©parable a bien failli se produire !
Commun dans le massif des Cerces, des individus viennent en Clarée en petit nombre (Col du Chardonnet, Lac de Beyraude et col de BuffÚre).
Il est rare d’en voir en rive gauche de la ClarĂ©e et ce sont toujours des mĂąles. Un jour, peut-ĂȘtre, il reviendra sur la Grande Chalanche, endroit favorable pour l’espĂšce.
Ăcureuil
Tant qu’il y a des arbres… vous pouvez observer lâĂcureuil. Le mĂąle, principalement, poussera des gloussements Ă©nervĂ©s et furieux lorsque vous ĂȘtes trop proche.
LâĂcureuil roux prĂ©sente une coloration brun anthracite Ă noir en altitude. Les individus de coloration rousse se retrouvent en plaine. A n’en point douter avec le rĂ©chauffement climatique, les individus roux sont observĂ©s de plus en plus haut.. A l’instar de Champcella il y a 20 ans, pour NĂ©vache ma premiĂšre observation de « rouquin » date de 6 ans.
Le farfadet est particuliĂšrement actif en octobre lorsqu’il fait ses provisions pour l’hiver, et lors du rut en avril. Pas vraiment romantique et glamour la reproduction de l’Ă©cureuil…
Loup
Cette photo n’a pas Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e Ă BuffĂšre (un mĂąle Ă Larche dans les Alpes de Haute Provence – 04).
Si vous ĂȘtes chanceux, peut-ĂȘtre observerez-vous le Loup ! Naturellement revenu, par expansion de la population Italienne frontaliĂšre, NĂ©vache fait partie d’un territoire d’un couple reproducteur. Le territoire est immense 150 Ă 200 kmÂČ, en fonction de la ressource en proie : les ongulĂ©s sauvages.
Randonner en sachant cet animal discret, fantĂŽme, de nouveau prĂ©sent, et que potentiellement, c’est sur, on peut le croiser : ajoute une dimension particuliĂšre Ă notre vallĂ©e de rĂȘves !
đ Les oiseaux
Cincle plongeur ou merle dâeau
Faites un arrĂȘt aux abords du pont du Rately, vous ne manquerez pas de remarquer des pierres dĂ©passant de lâeau de la ClarĂ©e et prĂ©sentant des taches blanches.
Ce sont les fientes du cincle ! Gros comme un merle rondouillard, il plonge et se nourrit sous lâeau en marchant (larves de Phryganes). Pour tenir au fond de l’eau c’est un des rares oiseaux Ă ne pas avoir les os creux !
Avec un peu de chance, comme ici, il vous attendra ⊠posé sur le pont.
Mésange boréale
Quelque soit l’heure ou la saison, lors de votre montĂ©e, diffĂ©rentes espĂšces de mĂ©sanges seront prĂ©sentes. Vous serez entourĂ©s de leurs cris et chants au printemps.
Ici la plus rare mais commune à Névache : la Mésange Boréale.
Comme un pic , elle creuse elle mĂȘme sa loge pour nicher ! Son cou et sa tĂȘte sont de fait trĂšs puissants comparativement aux autres espĂšces de mĂ©sanges.
Chouette ChevĂȘchette
Juste avant d’arriver au refuge le sentier sauvage et GR de CĂŽte Rouge part sur votre gauche.
Une troupe de mĂ©sanges, becs croisĂ©s et autre grimpereau des bois s’alarment ? Prenez votre temps, scrutez les branches moussues et lichens : vous verrez la plus petite chouette d’Europe. Si elle chante cela sera facile, patience, elle ne craint pas l’humain !
Surtout ne vous mĂ©prenez pas, la ChevĂȘchette, ninja de la forĂȘt, est capable de tuer des oiseaux plus gros qu’elle ! Grosse comme le poing mais rien Ă envier Ă l’Aigle royal.
La bartavelle
Chaleur, rocs, Ă©boulis. A la hauteur du refuge en rive droite du torrent de Gardiole. Vous sursautez ! Camouflage hors norme… 2 oiseaux plus gros que des pigeons dĂ©collent vous explosent dans les pieds avec un bruyant bruit d’ailes.
Vous venez de faire partir la rare Bartavelle. Si Marcel Pagnol la confond avec la perdrix rouge, « la gloire de son pÚre » est bien présente ici !
De mai Ă juillet les poussins sont trop souvent victimes des chiens domestiques non tenus en laisse.
De belles observations nécessitent un affut, les détails du plumage et couleurs sont fascinants.
Coq de BruyĂšre ou TĂ©tras Lyre
La star de BuffĂšre ! Le randonneur discret et matinal pourra rĂ©ussir Ă le voir dĂ©collant d’un mĂ©lĂšze.
La poule est toute marron, ainsi camouflée elle couvera discrÚtement au sol dans un buisson de rhododendron.
Quel chant ! D’avril Ă mi-juillet, puis en septembre octobre (lorsque la durĂ©e jour nuit est la mĂȘme qu’au printemps), la forĂȘt rĂ©sonne ! Puissants roucoulements mĂ©lodieux, Ă©ternuements et chuintements : les mĂąles paradent ! L’ambiance sonore est magique.
L’hiver le tĂ©tras est particuliĂšrement sensible au dĂ©rangement. Restez sur les itinĂ©raires balisĂ©s, lui aussi les connait…
CircaĂšte Jean le Blanc
Un rapace facile Ă observer… tant qu’il n’est pas en Afrique pour l’hiver.
Son alimentation se compose de reptiles Ă 80%.
Il revient donc lorsque nos 2 serpents (Coronelle lisse et VipÚre aspic) se réveillent, en avril.
Presque aussi grand que l’Aigle, il est 2 fois plus lĂ©ger et avec sa coloration blanche Ă tĂȘte foncĂ©e il est facile Ă identifier, et ce d’autant plus lorsqu’il rĂ©alise son vol stationnaire, comme ici au dessus du Refuge BuffĂšre.
Cassenoix moucheté
Dans les forĂȘts de MĂ©lĂšzes et de Pins cembro (Arolle), vous avez forcement entendu son cri d alarme bruyant et rĂ©pĂ©titif : khrĂȘ krĂ© krĂ© !
A l’instar du Geai des chĂȘnes (plus bas en altitude) : c’est l’alarme de la forĂȘt de montagne. Rien ne lui Ă©chappe !
DĂšs qu’il repĂšre un prĂ©dateur potentiel… il averti « tout le monde », un vrai concierge.
NB : Ce corvidĂ© est indispensable Ă la reproduction du Pin Cembro : en effet la pigne du cembro ne s’ouvre pas. Les graines restent « coincĂ©es ». Mais… elles sont aussi dĂ©licieuses que celles du Pin pignon*. Le Cassenoix en fait des rĂ©serves et en enterre pour se faire des caches pour l’hiver. Certaines sont oubliĂ©es et sont donc plantĂ©es pour germer plus facilement ! La symbiose plante animal est fascinante.
* pour les gourmands : en aout septembre on trouve souvent, au sol sur des rochers, des pignes d’Arolles partiellement entamĂ©es par le Cassenoix !